Les bénéfices de l’art-thérapie dans la prise en charge de patients victimes d’AVC

A l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière AP-HP, l’équipe du Professeur Sophie Dupont, neurologue, a lancé un projet de recherche original visant à évaluer les bénéfices de l’art-thérapie sur la rééducation et la réadaptation de patients suite à un Accident Vasculaire Cérébral (AVC). Une première étude pilote, sur 30 personnes, avait montré de premiers résultats très encourageants. Ce nouveau projet est soutenu par le Fonds de Dotation Patrick de Brou de Laurière et relayé par la Fondation de l’AP-HP pour la Recherche.

Un service qui propose des techniques alternatives et innovantes en complément de la rééducation classique    

Le service de Soins de Suite et de Réadaptation (SSR) neurologique de la Pitié-Salpêtrière accueille des patients souffrant de séquelles suite à un AVC. Ce service dirigé par le Pr Sophie Dupont a pour objectif de prévenir ou de réduire les conséquences fonctionnelles, physiques, cognitives, psychologiques ou sociales pour les patients suite à un AVC. Il a aussi pour visée de favoriser leur réadaptation et leur réinsertion grâce à différentes pratiques de rééducation comme la kinésithérapie, l’ergothérapie, l’orthophonie, la neuropsychologie mais aussi des prises en charge innovantes, comme l’art-thérapie.

L’art-thérapie : une approche qui s’intègre dans une stratégie globale de rééducation

L’art-thérapie permet d’impliquer le patient dans un processus artistique afin de stimuler ses capacités préservées (physiques, mentales et sociales) de façon détournée. Il s’agit d’une approche globale qui engage les patients dans leur propre appétence pour l’art. L’art-thérapeute peut choisir de travailler avec toutes sortes de disciplines artistiques (chant, danse, théâtre, etc.) en fonction de ses compétences et des goûts du bénéficiaire.
Emily Rochard Bismuth, art-thérapeute dans le service de SSR de la Pitié-Salpêtrière, propose les arts plastiques. Lors des séances, elle n’apporte pas de jugement de valeur ni n’influence le travail du patient qui peut alors s’exprimer comme il le souhaite. Ces séances sont souvent vécues par les patients comme un moment de répit dans leur quotidien, un temps de valorisation de leurs ressources.

Le projet de recherche

Les patients qui sont adressés à Emily Rochard Bismuth ont tous eu un AVC hémisphérique droit il y a moins de trois mois. La lésion de l’hémisphère droit du cerveau peut provoquer une négligence spatiale unilatérale gauche : les patients présentent des signes de « négligence de l’hémiespace gauche », c’est-à-dire qu’ils se comportent comme si la moitié gauche du monde n’existait plus. Ils ont par exemple des problèmes pour manger ce qu’il y a dans la partie gauche de leur assiette, pour se coiffer du côté gauche, ou se cognent à gauche lors de déplacements.

Ces patients suivent d’abord une série de tests menés par le Dr Chiara Zavanone (évaluation du handicap, de la gravité du déficit neurologique et de l’autonomie) et par la neuropsychologue Marisa Denos (évaluation de la négligence et de la qualité de vie). Ces tests seront à nouveau réalisés à l’issue des 12 séances que compte la prise en charge pour mesurer l’évolution du patient.

Pour pouvoir évaluer scientifiquement l’impact de l’art-thérapie sur la prise en charge des patients, le protocole de recherche comprend un groupe de patients « contrôle » (bénéficiant d’une rééducation standard) et un groupe de patients « expérimental » (bénéficiant de la rééducation standard et d’art-thérapie). La comparaison des résultats permettra de quantifier les bénéfices de l’art thérapie.

Le Fonds de Dotation Patrick de Brou de Laurière, qui soutient la recherche médicale et la promotion de l’art-thérapie, finance le projet sur deux ans. La Fondation de l’AP-HP pour la Recherche assure la gestion de ces fonds, en garantissant un reversement direct au projet.