Le Dr Olivier Pallanca, psychiatre et neurophysiologiste à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, AP-HP, a eu la chance, grâce aux donateurs de la Fondation de l’AP-HP pour la Recherche, de participer en août dernier à un séminaire sur le Machine Learning à Stanford en Californie. Enthousiasmé par ses échanges avec les précurseurs de cette technologie, il nous livre ses impressions et ses espoirs pour la prise en charge de l’épilepsie.
« Ce qui est frappant lorsque l’on arrive c’est d’abord l’envergure de ce campus, qui possède son propre centre-ville avec des bâtiments dignes de monuments … Ce qui est impressionnant à Stanford, c’est la coexistence de toutes les disciplines, qui semblent toutes à égalité, avec des bâtiments qui rivalisent d’harmonie et d’espaces dédiés au bien-être des étudiants. Sur chaque bâtiment figure le nom du donateur principal ayant participé à la construction.
Les participants au séminaire « Machine Learning for Healthcare » sont essentiellement des représentants des meilleures universités comme Stanford, Oxford, Columbia, certaines universités canadiennes, indiennes et chinoises, et aussi quelques européennes.
Durant ces deux jours, j’ai pu assister à des présentations exceptionnelles, comme celle du Pr Abraham Verghese, professeur de médecine de Stanford, qui a rappelé avec force que la pratique médicale et la prise en charge du patient ne pouvait se résumer au diagnostic, même optimisé par des algorithmes. L’efficacité de la prise en charge dépend du contexte de la maladie : l’intelligence artificielle doit aider les soignants à être au plus près des patients, à les comprendre et non à les surcharger d’informations.
Le Machine learning est un sous domaine de l’Intelligence artificielle qui permet un apprentissage automatique grâce aux données de masse (big data). L’objectif est de doter les ordinateurs de systèmes pour apprendre de leur environnement : analyse des signaux physiologiques, caméra, reconnaissance d’objets, moteurs de recherche, aide au diagnostic, classification des séquences d’ADN, etc.
Il y a un réel besoin à travailler dans ce domaine et à poursuivre les recherches pour arriver à une médecine personnalisée, gage de meilleure prise en charge pour le patient, mais aussi une médecine 2.0 dans laquelle les médecins sont pleinement partie prenante.
En ce qui concerne mon domaine de recherche, les troubles du sommeil et l’épilepsie, un travail était présenté notamment sur l’aide au diagnostic par détection du signal EEG ainsi que sur la personnalisation des traitements. J’ai pu rencontrer un chercheur qui travaillait sur l’application du Machine Learning dans l’aide à la décision et au traitement d’épilepsies focales. Le constat est frappant : le monde médical devra s’adapter à ce tsunami qu’est le machine learning ! Mais les chercheurs dans ce domaine réalisent aussi à quel point il est important que leurs outils soient proches des médecins, des patients et que la confiance entre les différents acteurs soit présente.
Je repars de ces deux jours à Stanford plus convaincu que jamais du bien fondé de mes recherches sur la médecine personnalisée en neurophysiologie. J’adresse un grand merci aux donateurs du Fonds EPIRES (Epilepsie et Recherche à la Salpêtrière) de la Fondation de l’AP-HP pour la Recherche, grâce à qui j’ai bénéficié de cette expérience très inspirante. »
Dr Olivier Pallanca, psychiatre et neurophysiologiste à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, AP-HP