Après deux années de pandémie, beaucoup de Français sont fortement impactés psychiquement et rapportent des troubles du sommeil, une anxiété, une tristesse voire une perte de sens et une vision assez péjorative de l’avenir, dans un contexte mondial particulièrement insécure et anxiogène (pandémie, climat, guerre en Ukraine, …). La santé mentale devrait ainsi être placée au centre des priorités.

Les populations les plus touchées par cette crise sanitaire sont les plus jeunes et les plus âgées, les malades de la COVID-19, les soignants, les personnes qui souffraient déjà de troubles psychiatriques, enfin les plus précaires et les plus isolées socialement. 

Le nombre de tentatives de suicide a fortement augmenté chez les adolescents et notamment les adolescentes (+27% d’hospitalisations pour tentatives de suicide entre fin 2020 et l’été 2021, comparativement aux années avant la pandémie)1. Le nombre de demandes de soins en psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent a très fortement augmenté depuis l’automne 2020, avec une difficulté pour accueillir et prendre en charge tous ces jeunes. 

L’urgence de placer la santé mentale au cœur des priorités

Le rapport de la défenseure de droits fin 2021 a alerté sur la santé mentale de nos jeunes et l’urgence d’améliorer les actions de prévention et la prise en charge globale de leur santé psychique 2. Les enfants d’aujourd’hui seront les adultes de demain et méritent des soins de qualité, accessibles à tous. 

Aujourd’hui la guerre en Ukraine peut être également source d’angoisse pour chacun d’entre nous et réveiller des souvenirs traumatiques chez les plus âgés. Elle ne fait que renforcer notamment chez les plus jeunes ce sentiment d’impuissance, de perte de sens, et d’avenir plus qu’incertain.

Il y a urgence à agir en renforçant la prévention auprès de toutes les personnes en situation de vulnérabilité psychique et il y a urgence à améliorer la prise en charge de toutes celles relevant de soins psychiatriques, des plus jeunes aux plus âgés. 

Il en va de leur santé personnelle et de leur bien-être et de celle, collective, vitale, de toute notre société. 

Professeur Angèle Consoli, 

Pédopsychiatre, service de Psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de la Pitié-Salpêtrière, AP-HP

Membre du Conseil scientifique Covid-19

Membre du Conseil scientifique de la Fondation de l’AP-HP

Ref 

1 Jollant, Roussot, Quantin et al. in prep. After the first wave: Hospitalization for self-harm during the second stage of the COVID-19 pandemic in France

2 Défenseur de Droits Rapport Annuel Enfant – Santé mentale : le droit au bien être. 2021