
L’épilepsie constitue une pathologie neurologique chronique affectant approximativement 50 millions de personnes à l’échelle mondiale. Cette affection se définit par la survenue récurrente de crises épileptiques caractérisées par différents comportements, sensations, ou mouvements involontaires, touchant une partie du corps (crises focales) ou l’ensemble du corps (crises généralisées). Ces épisodes « critiques » peuvent s’accompagner d’une perte de conscience et parfois d’une perte des urines voire des selles.
Les crises épileptiques résultent d’une hyperexcitabilité neuronale pathologique se traduisant par une activité électrique excessive et synchronisée de populations neuronales corticales.
On distingue classiquement deux grands types d’épilepsie :
- Les épilepsies généralisées, touchant environ 1/3 des patients, lorsque tous les neurones du cortex sont d’emblée recrutés.
- Les épilepsies focales débutant dans une région corticale spécifique.
L’épilepsie peut avoir différentes causes, comme une lésion cérébrale, on parle alors d’épilepsie structurelle (anciennement symptomatique) ou encore être d’origine génétique (les épilepsies idiopathiques), métabolique ou auto-immmune.
Sémiologie clinique et démarche diagnostique
Le diagnostic de cette maladie repose sur l’analyse des symptômes cliniques rapportés par le patient et son entourage, complétée par un examen, l’électro-encéphalogramme (EEG) permettant l’enregistrement de l’activité bioélectrique cérébrale. L’Imagerie par Résonance Magnétique cérébrale constitue un examen complémentaire de référence pour l’identification d’éventuelles lésions corticales.
Les personnes souffrant d’épilepsie présentent fréquemment des pathologies associées, notamment un risque traumatique majoré (fractures ou hématomes), et une prévalence élevée de pathologies psychiatriques telles que les troubles anxieux et dépressifs.
Causes
Il existe un très grand nombre de causes aux épilepsies. Les progrès en neurologie et en neurosciences permettent aujourd’hui d’identifier une cause dans plus de 90% des cas. La classification des causes de l’épilepsie comprend les catégories structurelles, génétiques, infectieuses, métaboliques, immunitaires et cryptogéniques.
On peut citer à titre d’exemples :
- Les lésions cérébrales d’origine périnatale (hypoxie, traumatisme à la naissance)
- Les malformations congénitales et anomalies génétiques associées comme les dysplasies corticales
- Les séquelles de traumatismes crâniens sévères, et d’accidents vasculaires cérébraux
- Les infections du système nerveux central (méningites, encéphalites, neurocysticercose)
- Les syndromes génétiques, comme la maladie de Dravet
- Les encéphalites auto-immunes
- Les tumeurs cérébrales
La prise en charge thérapeutique de l’épilepsie
Le contrôle des crises épileptiques s’avère réalisable dans la majorité des cas. Jusqu’à 70 % des patients épileptiques peuvent être contrôlés par un traitement antiépileptique approprié.. Parfois, plusieurs médicaments doivent être associés pour contrôler l’épilepsie.
Par ailleurs, un traitement chirurgical (résection de la région cérébrale d’où partent les crises) peut être une option thérapeutique pour les patients non contrôlés par les traitements médicamenteux.
La prise en charge thérapeutique de l’épilepsie dépend de son origine (focale ou généralisée) et de sa cause (lésionnelle, génétique, etc.). Cette prise en charge doit être globale, visant à faire disparaître les crises et à supprimer ou corriger leurs causes mais également identifier et traiter les conséquences de la maladie sur la vie du patient.
« On a beaucoup progressé dans le domaine. On peut guérir certains patients, malheureusement aujourd’hui c’est insuffisant. On a encore beaucoup d’efforts à faire pour aider tous ceux pour lesquels on a pas encore de stratégie thérapeutique. »
Vincent Navarro, neurologue, responsable de l’unité d’épilepsie de l’adulte à la Pitié-Salpêtrière, AP-HP, Assistance Publique – Hôpitaux de Paris.
L’unité d’épilepsie de l’hôpital Pitié-Salpêtrière AP-HP accueille des patients qui résistent aux traitements et qui continuent à faire des crises malgré les médicaments contre l’épilepsie. Pour ces patients, l’équipe progresse dans la compréhension des mécanismes intra-cérébraux grâce à des techniques de machine learning.
Grâce au soutien de la Fondation de l’AP-HP, la recherche sur l’épilepsie a beaucoup progressé. L’implantation de micro-électrodes, aussi fines que des cheveux, dans le cerveau des patients épileptiques permet d’avoir accès à l’activité des neurones et ainsi de mettre en évidence la zone qui génère les crises d’épilepsie pour potentiellement pouvoir l’opérer et arrêter les crises.