Les diabètes : état des lieux et enjeux de santé publique

Les diabètes, dont il existe plusieurs sortes, sont des  maladies chroniques caractérisées par une élévation persistante du taux de sucre dans le sang, communément appelée hyperglycémie. Les diabètes  représentent aujourd’hui un défi majeur de santé publique à l’échelle mondiale, connaissant une progression constante malgré les efforts de prévention.

En France, la prévalence des diabètes révèle une situation préoccupante : plus de quatre millions de personnes vivent actuellement avec un diabète tandis qu’un million d’individus demeurent non diagnostiqués.

Découvrez dans cet article tout ce qu’il faut savoir sur les diabètes.

Qu’est-ce qu’un diabète ?

Tout diabète se définit comme un trouble complexe affectant le processus d’assimilation, d’utilisation et de stockage des sucres provenant de l’alimentation. Cela se traduit par un taux de glucose élevé dans le sang, appelée l’hyperglycémie.

Lorsqu’il n’y a pas de diabète, la glycémie normale à jeun est située entre 0,70 et 1,10 g/l. En cas de diabète, ce système de régulation est perturbé.

La classification médicale distingue principalement deux types principaux de diabète :

  • Le diabète de type 1 qui touche environ 6% des cas diagnostiqués en France ;
  • Le diabète de type 2 qui constitue 90% des cas recensés.

Le diabète de type 1

Le diabète de type 1 représente une minorité des cas de diabète en France, touchant approximativement 6% des patients. Bien qu’historiquement associé à l’enfance et à l’adolescence, avec une prédominance chez les individus de moins de 20 ans, les données épidémiologiques actuelles démontrent que cette maladie peut survenir à tout âge de la vie.

Cette forme de diabète résulte de la destruction progressive des cellules bêta du pancréas, responsables de la production d’insuline. Cette hormone joue un rôle fondamental dans la régulation de la glycémie. L’évolution de cette destruction cellulaire entraîne une carence totale en insuline et l’impossibilité de contrôler le taux de sucre (glycémie).

Manifestations cliniques

  • Une soif intense
  • Des urines fréquentes et abondantes, l’énurésie (pipi au lit)
  • Déshydratation
  • Une perte de poids rapide malgré un appétit conservé
  • Asthénie (fatigue généralisée)
  • Acidocétose diabétique : le sucre sanguin ne pouvant être utilisé par les cellules du corps faute d’insuline va s’accumuler dans le sang expliquant l’hyperglycémie. Les tissus utilisent à la place les réserves de graisses pour obtenir l’énergie nécessaire à la survie. Les graisses utilisées sont dégradées en acétone, substance très dangereuse qui acidifie le sang. Ceci s’accompagne de nausées et vomissements qui conduisent à consulter rapidement un médecin qui en fera le diagnostic.

Causes du diabète de type 1

Le diabète de type 1 est en très grande majorité une maladie sporadique, c’est-à-dire ne touchant qu’un seul membre d’une famille. Les formes familiales sont très rares, moins de 10% et souvent n’atteignent pas systématiquement chaque génération (comme pour d’autres maladies génétiques où des sujets atteints par la maladie sont observés à chaque génération). Le risque de transmettre la susceptibilité au diabète de type 1 à ses enfants est de 0,4% dans la population générale et augmente entre 1,3 et 8% lorsque l’un des deux parents a lui-même un diabète de type 1. On voit donc que la transmission de la pathologie existe mais est faible.

L’histoire naturelle du diabète de type 1 reste encore imprécise car il est difficile d’étudier les facteurs expliquant la maladie chez un individu donné souvent seul membre atteint de sa famille. Il s’agit d’une maladie auto-immune c’est-à-dire une maladie dans laquelle le système immunitaire du sujet va attaquer ses propres cellules pancréatiques sécrétant l’insuline, entraînant à terme leur destruction. On ne sait toujours pas quel(s) signal(signaux) déclenchent cette réaction. Grâce à des collaborations internationales groupant les données obtenues chez les sujets atteints, des avancées scientifiques récentes ont identifié plusieurs facteurs environnementaux susceptibless de contribuer au développement de cette maladie auto-immune, notamment les infections virales, l’exposition à certaines substances toxiques ainsi que les modifications de la flore intestinale.

Prise en charge thérapeutique

L’arrêt complet de la production endogène d’insuline impose un traitement substitutif par administration d’insuline exogène. Cette insulinothérapie peut être délivrée selon deux modalités principales : les injections multiples quotidiennes au moyen de stylos à insuline ou l’utilisation d’une pompe à insuline assurant une perfusion continue. Cette dernière peut être couplée à un capteur de glycémie qui renseigne la pompe sur la valeur instantanée de la glycémie. En retour, grâce à un algorithme, la pompe va ajuster la dose d’insuline perfusée afin de stabiliser le taux de sucre. Ce mode opératoire s’appelle la boucle fermée.

Le diabète de type 2

Le diabète de type 2 constitue la forme prédominante de diabète en France, représentant 92% des cas diagnostiqués. Il survient généralement chez les personnes de plus de 40 ans, mais de plus en plus d’adolescents et de jeunes adultes sont concernés du fait du développement de plus en plus précoce dans la population de l’excès pondéral.

L’évolution silencieuse de cette maladie constitue un défi majeur, avec une période asymptomatique estimée entre 5 et 10 ans précédant le diagnostic. Malheureusement, un des modes de révélation du diabète de type 2 est l’accident cardiovasculaire (accident vasculaire cérébral ou infarctus du myocarde).

La progression mondiale du diabète de type 2 revêt un caractère alarmant. Selon les données de l’OMS, la prévalence mondiale est passée de 108 millions en 1980 à 422 millions en 2014, puis 537 millions d’adultes âgés de 20 à 79 ans en 2021 et enfin 783 millions de sujets adultes d’ici 2045.

Causes du diabète de type 2

  • Le diabète de type 2 se développe dans plus de 95% des cas dans un contexte d’excès pondéral qui se localise surtout dans le ventre (obésité abdominale). Cet excès pondéral va libérer dans le sang digestif des substances inflammatoires et des graisses qui vont se déposer en partie dans le foie (réalisant le foie gras ou stéatose hépatique) et dans de nombreux autres organes comme les muscles et le pancréas.  Les dépôts de ces substances dans ces organes vont réduire leur fonctionnement normal et en particulier vont limiter leur sensibilité à l’insuline. Les organes deviennent résistants à l’insuline ‘c’est l’insulinorésistance). Pour permettre aux sucres d’être utilisés par les cellules, le pancréas va augmenter sa propre production d’insuline afin de lutter contre l’insulinorésistance.  Mais au fil des années, la production d’insuline diminue sans jamais disparaitre car le pancréas lui-même accumule ces composés nocifs issus de la graisse abdominale, S’il n’y a plus assez d’insuline pour vaincre l’insulinorésistance, le sucre reste dans le sang et s’y accumule et l’hyperglycémie (et donc le diabète) apparaît. Le diabète de type 2 a une forte composante génétique. Le risque de développer un diabète de type 2 est de 5% dans la population générale et augmente à 50% si les deux parents sont atteints par cette pathologie. A cela s’ajoute des facteurs environnementaux (alimentation trop riche par rapport aux besoins, sédentarité, tabagisme) qui vont révéler la susceptibilité génétique.

Prise en charge thérapeutique

Le traitement du diabète de type 2 privilégie les modifications du mode de vie, comprenant l’instauration d’une activité physique régulière, et l’adoption d’une alimentation équilibrée et diversifiée.

Complications diabétiques

Un contrôle glycémique insuffisant expose les patients à des complications graves et invalidants, notamment : la cécité, les atteintes des nerfs, les atteintes rénales, les risques d’amputation, l’infarctus du myocarde, les accidents vasculaires cérébraux, et les complications infectieuses. Le foie gras (ou stéatose hépatique) est souvent associé au diabète de type 2 et doit être dépisté car pouvant évoluer vers la fibrose du foie et la cirrhose même en l’absence de consommation alcoolique.