Le Dr Sophie Georgin-Lavialle est maître de conférences des universités-praticien hospitalier dans le Centre de Référence des Maladies Auto-Inflammatoires et des Amyloses inflammatoires (CEREMAIA) de l’hôpital Tenon. Elle travaille sur l’inflammation et lance un projet de recherche inédit, rassemblant différents domaines : la psychiatrie, la médecine interne et la gastroentérologie, pour comprendre le lien entre le cerveau et le tube digestif via l’inflammation.
La réaction inflammatoire
Une inflammation est un processus de défense du corps en réaction à un « signal de danger » qui se présente, comme par exemple un virus ou une bactérie ou lors d’une blessure. Notre organisme détecte la menace et déclenche une réaction inflammatoire pour se protéger. Normalement le processus régresse très rapidement et peut passer inaperçu. Chez certaines personnes, ce processus inflammatoire enclenché après un signal de danger ou stimulus bénin ne se résout pas spontanément ou est très/trop important. Il s’agit des maladies dites inflammatoires, les plus fréquentes sont la maladie de Crohn ou encore les spondylarthrites. Les maladies auto-inflammatoires sont des causes rares de maladies inflammatoires où les gènes de régulation de cette inflammation sont mutés, ce qui entraîne une « hyper » inflammation.
Au Centre de Référence des Maladies Auto-Inflammatoires et des Amyloses inflammatoires (CEREMAIA),
le Dr Sophie Georgin-Lavialle reçoit des patients atteints de ces maladies rares. La fièvre méditerranéenne familiale en est la plus fréquente, elle provoque des poussées de fièvres récurrentes associées à des douleurs abdominales au premier plan qui peuvent mimer une péritonite ou une appendicite et conduire à une chirurgie abdominale ! On compte plus de 100 000 cas de cette maladie dans le monde et probablement 10 000 en France. Ces patients décrivent très bien que les principaux facteurs déclenchant leurs crises sont la fatigue ou le stress. On retrouve ce type de facteurs dans d’autres maladies auto-inflammatoires et dans les maladies inflammatoires fréquentes comme la maladie de Crohn ou les spondylarthrites. Pour Sophie Georgin-Lavialle et ses collaborateurs, ce phénomène pourrait s’expliquer par un lien entre le cerveau et le tube digestif.
Déterminer le lien entre le cerveau et le tube digestif lors de l’inflammation
Pour déterminer ce lien, elle lance un projet de recherche en collaboration avec le Pr Harry Sokol, gastroentérologue à l’hôpital Saint-Antoine, AP-HP et le Pr Gaillard, psychiatre à l’hôpital Sainte-Anne. L’objectif de cette recherche inédite est d’étudier le lien existant entre le cerveau et le tube digestif lors l’inflammation afin de trouver de nouvelles pistes pour contrôler ce processus.
Le projet comprend dans un premier temps une étude clinique et biologique réalisée auprès des patients pour mieux comprendre la cause de l’inflammation via un questionnaire neuropsychologique, une imagerie cérébrale, des dosages sanguins avant et après un stimulus stressant entraînant une poussée d’inflammation. Dans un second temps, des études seront menées chez la souris. Le projet se penchera également sur la compréhension du rôle joué par le microbiote intestinal (les microorganismes qui peuplent nos intestins) lors de l’inflammation.
Les résultats de cette étude menée sur une maladie rare devraient apporter de nouvelles connaissances sur le lien entre le cerveau et l’intestin qui pourront éclairer la compréhension des maladies fréquentes comme la maladie de Crohn, les troubles fonctionnels intestinaux (encore appelés colopathie fonctionnelle ou syndrome de l’intestin irritable) et encore la dépression et l’anxiété où il peut y avoir de l’inflammation sanguine a minima.
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