Pour aider très concrètement de jeunes chirurgiens à initier ou poursuivre leur projet de recherche, la Fondation de l’AP-HP pour la Recherche financera deux « postes d’accueil » pour de jeunes cliniciens de l’AP-HP au sein de l’un de ses prestigieux partenaires*. Pendant un an, ils travailleront directement avec les équipes de leur structure d’accueil, dont les compétences sont indispensables à la réalisation de leurs travaux. Découvrez les projets des deux lauréats que nous allons ainsi accompagner.

Conception d’une unité mobile adaptée aux handicaps lourds des personnes âgées avec les ingénieurs de Centrale Supélec

Exemple d’hypertonie déformante acquise (HDA)

Laure Gatin est Chef de clinique, chirurgien orthopédique et traumatologique à l’hôpital Raymond-Poincaré, AP-HP. Elle sera accueillie dès novembre 2018 à Centrale Supélec. Son projet de recherche sur une unité mobile de prise en charge des handicaps, est parti de deux constats :

1) lors des consultations pluri-disciplinaires de neuro-orthopédie, auprès notamment de personnes âgées dépendantes, un certain nombre de patients étaient atteints de déformations appelées hypertonies déformantes acquises (HDA). Ces déformations sont gênantes et douloureuses pour la fonction des membres (entravant donc la marche, la position debout, la position assise au fauteuil, la mobilisation des membres supérieurs pour l’habillage…) mais aussi pour les soins et le nursing (risques de macération et d’escarres au premier plan).


2) pour les personnes en EHPAD ou personnes âgées vivant dans des déserts médicaux, l’accès aux professionnels de santé, aux plateaux techniques ou aux thérapies innovantes est difficile. Ces patients vivant parfois loin de l’hôpital, il est impossible de leur proposer de l’ambulatoire. Par ailleurs, il y a une méconnaissance de la part des équipes et des aidants familiaux des thérapies innovantes, peu coûteuses et avec peu d’effets secondaires existants.

Ainsi le constat de Laure Gatin est simple « puisque l’on ne peut pas faire de l’ambulatoire, faisons de l’ambulant ». L’unité mobile de prise en charge pourrait se déplacer directement auprès de ces patients vivant en structure médicalisée pour leur proposer des techniques moins invasives. Cette structure mobile permettrait aussi de faire de la prévention et de la formation auprès des équipes de soin sur place.

Beaucoup de questions se posent alors sur la meilleure façon de mettre en œuvre cette unité : faut-il un camion ? Comment conserver les produits de soin tout en les transportant ? Quelle serait la composition de l’équipe qui se déplacerait (anesthésiste, chirurgien neuro-orthopédiste, infirmier, médecin) ? C’est ce que Laure Gatin va concevoir en collaboration avec les spécialistes du laboratoire de Génie Industriel de Centrale Supélec à partir de novembre 2018.

Développement d’un modèle de simulation des risques de complications graves lors d’une chirurgie du foie avec l’INRIA

Exemple de modélisation des écoulements sanguins dans le système veineux sus-hépatique

Nicolas Golse, chirurgien au Centre Hépato-Biliaire de l’hôpital Paul-Brousse, AP-HP sera à l’INRIA (Institut National de Recherche en Informatique et en Automatique) à partir de novembre 2018 pour pour un projet de recherche autour de la chirurgie du foie.

Dans ce domaine, il reste très difficile de prédire avec exactitude certains risques de complications graves. Le projet vise à étudier les facteurs de risques lors d’une ablation d’une partie du foie, afin de mieux prévoir les éventuelles complications.

L’objectif, à terme, est de disposer d’outils non invasifs pour le patient et directement utilisables par le chirurgien afin de prédire si un patient donné, en fonction des données préopératoires, pourra supporter en toute sécurité une hépatectomie. Si le modèle prédit un risque majeur, le chirurgien peut alors décider d’un autre projet thérapeutique pour le patient.

Concevoir un tel modèle de simulation en santé requiert des collaborations entre ingénieurs et médecins. Le but est de poser en équations des problématiques médicales pour apporter une aide précieuse à la décision via une analyse rigoureuse, multiparamétrique et mathématique. Fort d’une collaboration ancienne entre l’AP-HP et l’INRIA, reposant sur un socle scientifique solide et reconnu, Nicolas Gosle va pouvoir tester différents modèles dans sa structure d’accueil pendant un an.

L’ensemble des analyses prospectives y seront effectuées et porteront sur des patients pris en charge à l’hôpital universitaire Paul Brousse, AP-HP. 50 patients seront inclus dans le protocole et le projet se déroulera sur 12 mois, de l’inclusion des patients à l’analyse des données.

La chirurgie est l’un des axes de recherche prioritaire de la Fondation.

Soutenir la chirurgie

* INRIA, Ecole Polytechnique, AgroParisTech, CentraleSupelec, Institut Pasteur, CEA, Institut Universitaire d’Ingénierie en Santé de Sorbonne Université, Arts et Métiers ParisTech, Université de Technologie de Compiègne, Labex BioPsy, ESPCI ParisTech, Institut des Sciences du Calcul et des données de Sorbonne Université, Institut Mines-Télécom