La Maison des Femmes de l’AP-HP a été créée afin d’améliorer le parcours et l’accompagnement des femmes victimes de violences. Le but est de proposer une prise en charge globale. C’est-à-dire qu’elle se veut à la fois médicale, psychologique, sociale, juridique et judiciaire. Ainsi, c’est grâce à un partenariat unique des hôpitaux avec les services de police, de justice, les associations spécialisées et les collectivités. Elle réunit des équipes pluridisciplinaires de l’hôpital et de ses partenaires. Trois sites hospitaliers parisiens sont déjà ouverts au sein de l’hôpital Bichat – Claude-Bernard (18e), de l’hôpital Pitié-Salpêtrière (13e) et de l’Hôtel-Dieu (4e).

Avec le soutien des mécènes et des donateurs de la Fondation de l’AP-HP, nous pourrons amplifier la capacité d’accueil de ces sites. De plus, il est possible d’envisager l’ouverture de nouveaux sites de la Maison des Femmes de l’AP-HP.

Focus sur le site de l’hôpital Bichat avec Amélie Glading, puis sur l’Hôtel Dieu avec Candie Grangé et Sarah Dauchy. Sages-femmes et psychiatre, ces dernières nous éclairent sur ces Maisons des Femmes de l’AP-HP.

Amélie Glading, Sage-femme coordinatrice, Maison des Femmes de l’AP-HP située à hôpital Bichat

Qui sont les femmes accueillies à la Maison des Femmes de l’AP-HP ?

Candie Grangé Cela peut être n’importe qui : la femme que je reçois en consultation, celle que je croise en faisant mes courses, que je vois à la télévision, une collègue, une amie…

Sarah Dauchy Elles ont de 18 à 70 ans. Elles viennent de tous les milieux socio-économiques et de toutes les origines culturelles. La violence faite aux femmes est malheureusement présente partout. Partout se heurte encore à l’indifférence et à la résignation, voire à la culpabilisation des femmes qui la subissent

Si vous deviez mettre en avant un élément spécifique de la Maison des Femmes de l’AP-HP, quel serait-il ?

Amélie Glading La Maison des Femmes a la spécificité de proposer la prise en charge en santé physique et en santé mentale. Cette démarche me semble inédite. De nombreuses études ont montré l’impact sur la santé des violences vécues dans l’enfance et à l’âge adulte. Les professionnels de santé de toutes les spécialités prennent de plus en plus en compte dans leurs suivis les antécédents de vécus traumatiques et leurs répercussions sur la santé. Ils nous identifient et nous orientent les patientes. Pouvoir mettre en œuvre un accompagnement spécifique et travailler en réseau avec eux est innovant. C’est penser la santé de la personne dans son ensemble.

Candie Grangé Les femmes sont rassurées lorsqu’elles arrivent à la maison des femmes. En effet, c’est un lieu où elles peuvent se confier sans crainte de jugement. Nous y reconnaissons la violence qu’elles ont subi.

Dans quel état d’esprit arrivent-elles ?

Candie Grangé Elles disent souvent qu’elles ont l’impression « d’être dans le brouillard. Que [leur] cerveau ne fonctionne plus bien »

Sarah Dauchy Cécile, âgée de 42 ans, juriste dans un grand groupe financier, mère de deux adolescents, me disait il y a quelques jours « Avant de venir ici j’avais l’impression de devenir folle. D’ailleurs c’est ce que me répétait mon mari. J’avais juste l’impression d’être responsable de tout et que je ne m’en sortirai jamais. Avec les entretiens ici, avec la sage-femme, le psychiatre, le médecin légiste, j’ai compris que j’avais simplement besoin de soins.  C’est cela qu’il me fallait pour retrouver la capacité à nous sortir de là, mes enfants et moi ».

Quel message souhaiteriez-vous adresser au grand public pour leur faire comprendre à quel point leur don peut avoir un impact sur la vie de ces femmes ?

Amélie Glading Les femmes qui subissent des violences sont très souvent isolées et vulnérables. Elles ressentent beaucoup de culpabilité et de honte.

La Maison des Femmes est pour elles un lieu de ressource. Ainsi, elles sont reçues sans jugement par les professionnels. La parole y est libre, entendue et comprise. On les invite aussi à des groupes de parole encadrés par la psychologue du service. Ce sont des moments thérapeutiques forts en émotions. Le soutien du groupe permet l’identification, la reconnaissance et la réparation.

Les ateliers de soutien à l’estime de soi (sophrologie, yoga, art, lecture…) permettent de les faire sortir de l’isolement. Ils permettent de créer du lien dans un cadre sécurisant et enfin penser à elles.  Ainsi, elles peuvent plus facilement se reconstruire. Cette « bulle » est parfois le seul moment de sérénité de leur semaine.

Candie Grangé, Sage-femme coordinatrice, Maison des Femmes de l’AP-HP située à l’hôtel Dieu

 « Grace au soutien des mécènes et des donateurs de la Fondation de l’AP-HP, nous espérons pérenniser et accroitre notre capacité à proposer à toutes ces femmes la prise en charge globale dont elles ont besoin, y compris des soins psychiques spécialisés. »

Dr Sarah Dauchy, Psychiatre, Responsable de la Maison des Femmes de l’AP-HP de l’Hôtel Dieu